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Génération quoi ? Paysage enfantin (1997-2017)



TW : Ce billet est susceptible de mettre un coup de vieux à des personnes très jeunes. 

     Je ne sais pas vous, je crois que cela doit être pareil pour tout le monde. Lorsque je discute avec des personnes nées en même temps que moi, qu'on étale nos enfances, nos discours prennent parfois des tournures hilarantes à base de : "Mais oui, je ne me souvenais plus de ça ! On a eu, la même enfance."

     On m'a souvent dit que j'étais une enfant du XXIème siècle, d'une génération marquée par le 11 septembre 2001 car nous sommes les derniers, puisque nés quelques années avant, à pouvoir nous en souvenir assez distinctement. Nous sommes aussi les premiers à avoir eu des cours de prévention, très jeunes, sur le VIH. La découverte du SIDA et le 11 septembre 2001 ne sont pourtant pas des heures glorieuses, et ce n'est pas de cela que j'ai envie de me souvenir. D'autres choses plus cocasses nous ont marqué, j'avais envie d'y revenir. 

     Je n'aime pas dire que je suis issue de la génération Y, ou Z. Je préfère dire, et je dis souvent d'ailleurs, que je suis une enfant "Love Generation". C'est Bob Sinclar qui l'a dit. C'était le générique de la Star'Ac, je suis : génération Star Academy. J'avais 3 ans pendant la première saison, on découvrait presque Nikos Aliagas qui sortait de nulle part. Croyez le, j'étais amoureuse de Kamel Ouali et j'ai chanté "Les dix Commandemants" à tue tête dans ma chambrette rose décorée de posters de Jenifer. Tous les mariages auxquels je suis allée, enfant, ouvraient le bal sur "Aiiiimer, c'est c'qu'il y a de plus beaaaaaaau ...". Alors la génération Star'Ac, on parle du reste ? 

     Mes parents sont jeunes, j'ai ce souvenir de les avoir vu lors de baptêmes et de communions dans des salles des fêtes de patelins ardennais, danser sur Natasha St Pierre, découvrir O-Zone ( Vestabeshta Noumanoumayé) ... Demander dans l'ivresse : "Si on devaiiiiiiiiit, mourir demaiiiiiiin ? Qu'est ce qu'on ferai de plus, qu'est ce qu'on ferait de moins ?" . Bien loin des chorales d'école maternelle où l'on chantait Henri Dès, "grand dieu" de la chanson pour enfant dont les airs, encore aujourd'hui, me prennent salement la tête. 

     J'ai eu un Furby. Vous savez ? cette peluche qui fait un bruit atroce et qui ne ressemble absolument à rien. Mais aussi ... Une Game Boy Color, une Nintendo 64, une Game Cube ... Et lorsque sont arrivées dans mon salon, à Noël, la Nintendo DS et la Wii : ce fut une révolution familiale. Paye ton sport sur Wii Balance Board le samedi matin. Jeux vidéos toujours, je me cachais pour jouer à GTA Vice City, piraté par mon cousin le plus geek sur le PC familial (rangé dans un meuble dans la salle à manger), dans l'adrénaline de faire un truc interdit aux moins de 16 ans et sans comprendre quoi que ça soit de la violence du game. J'ai connu les PPS dans les mails, les wizz d'MSN Messenger, et plus anciennement encore : AOL. (C'est le moment ou je prends mon premier coup de vieux.)

     Ma télévision criait des slogans qu'on n'entendra plus, à les lire, vous les entendrez résonner dans vos têtes : "Le retour de la momie : En VHS et DVD". "Bientôt chez votre marchand de journaux". Mes parents ont repris des formations, et changé de métier quand j'étais petite. De femme au foyer et carreleur, ils sont devenus formatrice en CFPPA et ambulancier. Ni une, ni deux, ils se sont abonnés à Canal Sat, à l'époque ou cela ne coûtait pas une blinde. Lorsque j'y pense maintenant, je sociologise. Couple nouvellement intégré à la classe moyenne de campagne, fiers d'annoncer qu'ils ont "toutes les chaînes" à leurs amis alors même qu'il y avait sur le meuble télé une cagnotte " à vacances " où ils mettaient chaque mois de l'argent pour payer les glaces et les restaurants de nos deux semaines d'août attendues par tout le monde, toute l'année. Passons .. Canal Satellite m'a bercé de "Pépin trois pommes", "Arthur", "Clifford" ... Mais j'ai maté Midi les Zouzous avec "Princesse Sarah", "Olive et Tom", "TomTom et Nana", "La cour de récré" ... Passion dessins animés qui n'en finit pas, à 20 ans j'aime encore parler à Titeuf le dimanche matin avec mon bol de Kellogs. Mon petit frère, né en 1999 (à un mois près c'était le drame de l'enfant né en 2000), nous a saoulé avec "Bob le Bricoleur", "Dora l'exploratrice", "Many et ses outils" ... 

       Les jeux télé n'étaient pas regardées que par des vieux et des ménagères. Je me souviens de la honte totale d'un lundi matin en moyenne section de maternelle où tous les enfants de ma classe m'ont alpaguée à base de "Mais on a vu tes parents hier chez Foucault ! Ils étaient dans "qui veut gagner des millions". " ... Oui ... Véridique ... 

    "Facebook Native" dit-on ... Pas vraiment non. La technologie c'était le Tamagotchi. Première bestiole virtuelle qui fascinait même ma grand mère : "C'est dingue ce qu'y z'inventent aujourd'hui ! Y a un animal vivant dans ct' écran, si y' meurt vous perdez l'argent c'est cher ces trucs là". Elle qui aujourd'hui, trouve Candy Crush Saga "obsolète" et à qui on vient d'offrir un smartphone ... C'est une révolution. Dans mon enfance, tout se développait trop vite et personne ne suivait. A l'école j'ai traîné un baladeur CD, puis un MP3 avec USB intégré, puis un MP4 ... L'IPod étant le Saint Graal auquel je n'ai jamais eu accès parce que : "T'es pas née dans la braguette à Rotschild" et "C'est bon, on va pas racheter un baladeur tous les ans parce que c'est la mode.". 

     Qu'en est-il de la mode justement ? Mes parents m'ont sapée avec des jeans "patte d'ef" délavés. Vous savez ? Le jean bleu ciel de la gamine des années 2000, taille basse, ceinture "Chipie" ... Quand j'y repense, l'envie de faire un procès à ma mère m'effleure. J'ai porté des pulls rose barbie, bleus canard, rayés de toutes les couleurs ... Aujourd'hui interdits par la loi Cordula. 
Plus tard, je suis passée par la phase "Emo", "Gothique", inspirée par le personnage d'Abi dans les premières saisons de NCIS et par Jenifer Ayache - la chanteuse de Superbus et mon idole d'enfance. (Allô Lola ?) - au grand drame de Maman. 

      J'ai écouté Lorie, saoulé tout le monde avec Lorie. Fait acheter à mes oncles un poster grandeur nature de Lorie. J'ai monté un spectacle avec ma meilleure amie de l'époque sur son premier album, - Sur un air latino, ohohohoh - nos mères n'en pouvaient plus. Aujourd'hui elle est elle-même maman (et une superbe jeune maman d'ailleurs, Ninou si tu passes par là je te fais plein de bisous ...). Tokio Hotel a accompagné nos années CM2/6ème et à cause de ces quatre gugusses, j'ai voulu des mèches blondes, porté des rangers, des jupettes motif militaire et surtout ... Surtout ... J'ai pris Allemand LV1 en sixième. Qu'on est con.ne.s quand on a 10 ans ... 

     Le paysage dans mon souvenir est numérique, technologique, mais . On vivait au rythme de tout ce qui se développait, avec plus de passion et d'émerveillement qu'aujourd'hui. De la VSH au DVD, d'AOL à Free, du Nokia au téléphone coulissant jusqu'à la révolution du tactile, de la trotinette à la trotinette électrique. Je ne sais pas si c'est une chance, mais j'ai l'impression d'être issue d'une génération qui a été la dernière à être née "sans". Ou presque sans tout ça. Rien de plus banal aujourd'hui qu'un smartphone avec internet, mais quand même : j'ai connu la carte prépayée avec 50 SMS et deux numéros gratuits. 
Rien que ce blog ... Rien à voir avec mon SkyBlog de l'époque où j'écoutais Difool en scred dans mon lit le soir. Interdiction totale pour moi d'écouter du rap puisque " ça ne parle que sexe et de drogue ". A l'exception de Diam's que ma mère aimait bien, et qui a introduit mes premiers questionnements sur le monde ... "C'est pas l'école qui m'a dicté mes codes Nan nan ... Génération Nan nan." , " Ma France à moi elle parle fort, elle vit à bout de rêves, elle vit en groupe, parle de Bled et déteste les règles..."

     Génération du temps des salles de restaurant "Fumeur ou non Fumeur ?", des singles qu'on achète chez Carrefour, du "Coup de Boule" de Zizou après les "Mais ils sont où les Italiens lalalalal lalalalala" (traumatisme). Derniers enfants à se souvenir du passage à l'Euro (j'avais 5 ans, souvenir distinct de la première sortie de 2002 à la boulangerie). De ceux qui ont appris tout petits que le Président, c'était Jacques Chirac, et la chanson "C'est tonton Chirac, à la guerre 14-18, qui chie dans son casque ..." qui, même si vide de sens, faisait même rire mes profs de maternelle. Souvenir aussi de la bataille "Ségo contre Sarko" de 2007 qu'on ne comprenait pas mais qui nous fascinait (seulement les gosses de riche savaient ce qu'était le PS, leurs parents militaient à Vrigne, ville majoritairement de gauche jusqu'en 2017). 

     Souvenirs d'avoir vu et aimé les films français suivants quand ils sont sortis : Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (2001) ; Astérix et Obélix Mission Cléopâtre (2002) ; Jeux d'enfants (2003) ; Les Choristes (2004) ; Nos Jours Heureux (2006) ... 

Tout cela est un peu en vrac, j'ai laissé faire les souvenirs et les ai écrit comme ils venaient. J'ai du mal à saisir tout ce qu'il y a à en dire et à hiérarchiser toutes les informations. En même temps, je pourrais y passer encore des heures. Toujours est-il que j'ai écris tout ce qui a pu marquer mon paysage d'enfance, entre 1997 et 2007 (ma vie de 0 à 10 ans), avec un franc sourire. Je sens la petite joie de me dire que cela va en faire sourire certain.e.s ...  Curieuse de savoir si réellement, certain.e.s ont vécu ces quelques bricoles de la même manière que moi ou avec les mêmes émotions. 

Coucou c'est nous, la "Love Generation". 
    

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