Quinze jours à peu près me séparent de la fin de cette année scolaire. Scolaire, pas tant que cela. Je peux me réjouir d'avoir pulvérisé mon record de litres de bière avalés en moins d'un an. D'ailleurs, j'ai presque fréquenté les bistros autant que les amphis. Cela ne fait pas de cette année quelque chose d'amusant, encore moins un bon souvenir. J'ai eu envie d'expliquer pourquoi en voyant se débattre beaucoup de mes camarades de promo pour lesquels cette deuxième année de licence a remis en question beaucoup de rêves et de projets.
J'avais pourtant adoré ma L1, j'en garde un super souvenir. Déjà parce que l'Histoire, ça me plaît, cette première année m'en a apporté la certitude. Cependant, je crois qu'on nous a un peu vendu du rêve pendant un an. Professeurs bienveillants et passionnés, ambiance globalement festive tout au long de l'année, entraide (parce que ma promo, du moins les gens que je fréquente sont plutôt géniaux.). Mais aussi ouverture au monde, à la politique, découverte de nouveaux horizons et de jolies trajectoires ... Tant de choses qui m'ont fait me lever le matin heureuse d'aller à la fac. Et là ... Embrouille totale, ils avaient gardé les trucs merdiques pour l'année d'après.
On (je me permets de parler pour les autres hein) étudie déjà dans une fac qui n'a plus de thune, qui se débat pour ne pas perdre la face et donc on supprime des heures de cours qu'on ne peut pas payer aux enseignants. C'est sympa tout ça. Mais qui morfle ? Déjà nos enseignants qui ne peuvent pas bosser dans des circonstances pareilles, et nous qui sortirons de l'université avec des licences qui valent trois clous à cause du peu de choix dans les options et les spécialisations qu'on nous propose. Cela ne semble pas inquiéter les grands manitous qui gèrent tout ça. ON nous envoie des questionnaires sur la manière dont on perçoit les étudiants qui sont en faveur de l'augmentation des frais à l'université. Et c'est plutôt drôle, à quoi s'attendent-ils ? Une année à l'université, quand on n'a pas le droit à des bourses, ça coûte 400 balles. Bien sur sans parler du loyer qu'on paye quand on n'a pas la chance de vivre chez papa et maman, des frais de transports en commun, des factures et des taxes d'habitation ... J'en passe. Alors oui ... L'enseignement supérieur est accessible à tout le monde ... A d'autres hein.
Ça pose déjà les bases de l'ambiance poisseuse dans laquelle on étudie. Mais si ce n'était qu'un problème d'argent, on pourrait s'estimer heureux. Le milieu universitaire est composé d'enseignants qui ont pu faire, plus ou moins facilement, entre 8 et 10 ans d'études supérieures. Y'en a certains qui sont humbles, d'autres à qui cela semble monter à la tête. Quel étudiant issu de milieux ouvriers/employé aurait envie de rester assis des heures face à un enseignant semblant nier en bloc qu'il participe à un mépris de classe absolument dégueulasse ? Et pourtant ... On voit la manière dont certains s'adressent avec passion aux étudiant.e.s Fil.le.s DE qui parlent le même langage qu'eux. Pardon les loulous (j'me permets de vous manquer de respect, ça sera monnaie rendue), on n'a pas tous la chance d'avoir des parents médecins ou profs. On nous répète déjà depuis dix ans qu'on va devoir en chier pour réussir, si vous aviez la décence de ne pas en rajouter une couche, on vous serait reconnaissant. Perso, y'a des cours dans lesquels je ne fous quasiment plus un pied depuis le mois de mars. Et pourtant j'ai envie d'apprendre. Mais je pense que si je fréquentais l'amphi de certains encore longtemps, je ne pourrais plus m'empêcher de me lever pour hurler au prof trônant fièrement en bas : "Hé mec, descend d'un étage, tu chies pas des bouquets de rose à ce que je sache ?". Parce que j'ai peut-être un franc parlé assez brutal, mais mois aussi je suis capable d'écrire sans fautes et de rendre du bon boulot. Et d'ailleurs - oui c'est visé - les accents ne trompent pas. Si certains ont réussi, même sortants de leur campagne profonde non privilégiée, alors moi aussi j'ai le droit d'y croire un peu. Paris c'est beau, on sait bien que vous avez des problèmes de TGV, que vous fréquentez la fine fleur des musées parisiens et que vous avez des potes sorbonnards reconnus à l'international. Mais vous savez quoi ? On s'en branle en fait. On s'en tape parce que votre boulot, qui devrait être une vocation, c'est de nous tirer vers le haut. On n'en a rien à foutre de savoir que vos gosses bouffent bio à tous les repas ou que vous buvez du thé matcha tous les matins. Nous on se contente du mauvais café de la fac, et on vous emmerde pas. Heureusement que certains de vos collègues ont un minimum de considération pour ce qu'on fait en face d'eux. S'ils étaient tous comme vous, je pense que le problème de sur-chargement des TDs serait très vite réglé.
Il faudrait aussi penser à quelques petits trucs essentiels. Genre, du savon et du papier dans les toilettes parce que les chiottes bouchés et les épidémies de gastro on en a plein le dos. Clairement, ce n'est pas demander la lune que d'exiger des toilettes propres et la possibilité de se laver les mains. Pareil pour le matériel. Perdre une heure de composition sur un examen de trois heures parce que le vidéoprojecteur ne démarre pas et changer deux fois d'amphi, ça n'aide pas à rendre une bonne copie. C'est à peu près la même chose quand tu te casses le cul à préparer un powerpoint pour un exposé et que t'as pas le matériel pour l'afficher. Juste comme ça ? Pourquoi on paye ? Les frais d'inscription vont (encore) augmenter l'année prochaine ! Du coup on aura le droit d'avoir du PQ ?!
Donc ouais, on est des petits merdeux, on traîne les bars, même parfois on ne se pointe pas en cours, on se réoriente... Et comme certains le disent si bien : "A la Sorbonne ou dans les facs parisiennes on n'a pas ce genre de soucis.". Pourquoi à votre avis ?
C'était le coup de gueule pré-partiels. Bonne journée à tous, sauf à ceux qui se foutent pas mal de ce qu'on pense de notre université.
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce tableau !
RépondreSupprimerOui le niveau universitaire augmente avec les années et c'est bien normal. Cela remet en doute des certitudes et des rêves mais c'est aussi un bon moyen de s'assurer de ce que l'on veut faire ou non, de quitter les rêves pour être réaliste. Après c'est un choix, certains vont continuer dans leurs objectifs et d'autres vont choisir d'autres débouchés, d'autres orientations parfois. Chacun ça voie !
Non notre licence ne vaudra pas "trois clous", car notre licence d'histoire à Reims est bonne. Pour ce qui est du questionnaire sur l'augmentation des frais de l'université, c'est le questionnaire d'une étudiante en psychologie. C'est une mise en situation, à partir de ce cadre de l'augmentation des frais elle va faire son mémoire. Tu ne trouves pas étrange que l'on demande à une personne en psychologie de demander aux étudiants ce qu'ils pensent de l'augmentation des frais ? Ce n'est qu'une mascarade, une mise en situation, pour une étude psychologique ni plus ni moins. Et, j'en profite pour dire qu'en France même s'il y a des frais d'entrée à l'université, on est l'un des pays où le prix des études est le plus bas (contrairement aux Etats-Unis par exemple où tu arrives sur le marché du travail avec des milliers de dollars de dette !)
Pour les conditions de l'université, c'est vrai il y a mieux. Notre université est en crise à cause des mauvaises gestions d'avant (aujourd'hui cela va mieux, notre université rembourse le déficit mais il est vrai que cela demande des sacrifices). Mais, les universités de régions ne sont pas forcément mieux que la notre, nos problèmes se retrouvent à différents endroits, si tu connais d'autres étudiants dans d'autres villes tu verras qu'ils ont des difficultés comme les nôtres (et je ne parle même pas de Troyes qui a plus à ce plaindre que nous de l'université de Reims). Alors, oui il manque du matériel, du service dans l'université, est-ce que c'est seulement la faute à l'université ? (Vu l'autre jour au RU, un étudiant prend une grande poignée de sel et de poivre en disant "ah, j'en avais pu chez moi!"). Le prix de l'université ne suffit pas à entretenir les conditions pour un étudiant pour une année. Heureusement car le prix que l'on payerait serait exorbitant !!!
Oui, parfois on peut sentir un décalage si on vient "d'en bas", mais ce n'est pas une chose qui, pour ma part, est apparu à l'université. Il ne faut pas être sensible sur ce sujet, cela ne va pas dire se laisser faire non plus, on est ce qu'on est, on vient d'où on vient mais je préfère tout mettre en oeuvre pour que l'on me juge sur mon encéphale plutôt que sur ma provenance !
Je pense que, bien que certains enseignants peuvent être dans cette optique de critique sociale dans leurs mots sans pour autant que ce soit fait de manière volontaire forcément, à notre université on peut communiquer avec les enseignants et la plupart prennent les étudiants sans jugement sociale. Alors, oui Paris peut paraître meilleure pour les conditions à l'université mais si c'est pour passer trois ans et qu'aucun enseignant ne te reconnaisse, si c'est pour entendre qu'à part Paris le reste n'existe pas, entendre que je suis 'provinciale' genre le gros bouseux , je trouve que ça ne sert à rien!
Oui il faut prendre sur soit, oui ce n'est pas toujours facile, mais je dis toujours que l'ascenseur social est en fait un escalier! C'est plus dur mais pas impossible. Oui ça pourrait être mieux mais il faut aussi voir ce qui est bien dans l'université, parfois en se décentrant de Reims et en regardant par rapport aux autres universités.