J'ai récemment lu un texte que j'ai trouvé choquant, un ramassis de merde sexiste intitulé "J'aime les hommes" écrit par une femme, qui répond au nom de Sophie de Menthon.
Ce billet pour réponse.
J'aime les hommes qui ...
J'aime les hommes qui me reconnaissent et me traitent comme leur égale, en tous points. De ceux qui ne sont pas offensés par la lesbienne que je suis et qui de fait, comprennent sans se sentir diminués que par simple préférence sexuelle, je n'ai pas envie de coucher avec eux. Dans des termes plus crus, ceux qui savent que ma chatte, mes seins, mon corps, ne leur appartiennent ni de fait, ni de droit. De ceux devant lesquels je peux changer de tenue, me promener seins nus sans qu'ils voient en moi - pour reprendre une tournure d'Hannah Gatsby - "un vase potentiel pour leur bite en fleurs". Sans qu'ils n'aient besoin de commenter. Oui, ces hommes-là existent. Sont-ils une majorité ? Je ne crois pas.
J'aime les hommes qui savent qu'en tant que femme, puisque je me reconnais et m'identifie comme telle - le terme femme ici est inclusif, les femmes trans sont des femmes -, je subis quotidiennement des injonctions et des violences systémiques qui les épargnent. De ceux qui savent que ces violences sont le produit d'une éducation à laquelle ils sont soumis et qu'ils peuvent déconstruire pour devenir de bons alliés à la cause. J'aime ceux qui savent embrouiller leur pote qui vient de siffler une femme dans la rue, ceux qui, lorsque je témoigne d'une violence vécue dont ils n'ont pas idée, se contentent de le constater et se promettent de ne pas infliger telle menace à une autre femme. Ceux qui ne m'infantilisent pas, ne m'invisibilisent pas, considèrent que ma parole a la même valeur que la leur et ce quelque soit le contexte.
J'aime les hommes qui ne se restreignent pas dans la sensibilité. Ceux qui n'attribuent pas les larmes au féminin et ne se cachent pas d'avoir des failles et des faiblesses que leur bite, quelque soit sa taille, ne comble pas. Ceux qui n'imposent pas de payer l'addition au restaurant pour asseoir leur indépendance financière et me la jeter à la gueule, simplement qui le proposent par envie sans attendre du sexe en contrepartie. Ceux qui dans un débat, ne se lèvent pas au moment de parler pour me regarder d'en haut, ceux qui sont des hommes sans vouloir imposer quelconque virilité, paternalisme ou domination dans l'interaction.
J'aime les hommes qui pensent par eux mêmes, et font fi des injonctions à la virilité sans craindre le regard de leurs amis. Ceux qui assument d'être amoureux, d'avoir le cœur brisé. Ceux qui demandent avant de porter la main ou la bouche sur le corps d'une femme et qui en cas de refus, n'insistent pas. Ceux qui, tard dans la nuit, marchent dans la rue derrière une femme seule, prennent le parti de changer de trottoir pour lui signifier qu'elle ne doit pas avoir peur d'eux. Et si tous ne veulent pas être considérés comme des agresseurs du fait de leur condition d'homme, je n'aime que ceux qui ne se comportent pas comme tels.
J'aime les hommes qui sont susceptibles de me prendre dans leurs bras lorsque je me sens mal, et sont capables de me die qu'eux aussi, parfois auraient juste besoin d'un câlin. Ceux qui ne rient pas aux blagues misogynes de Robert Mon Oncle à Noël, ceux qui s'occupent de leurs enfants et se lèvent la nuit une fois sur deux pour soigner un cauchemar ou un mal de ventre. Ceux qui ont compris qu'à la maison, ils n'aidaient pas leur femme mais faisaient simplement leur part du travail. Ceux qui ne pensent pas avoir le monopole de la vie économique de la maison, et ne partent pas du principe que c'est à Madame de prendre un congé parental pour s'occuper des enfants.
J'aime les hommes qui acceptent les dépistages d'IST, et le port du préservatif pour soulager de leur charge mentale leur compagne/compagnon potentiel-le d'une charge mentale épuisante. Ceux qui savent qu'ils n'auront plus d'enfants à leur âge, et veulent bien passer par une vasectomie (réversible, rappelons-le) afin d'éviter à leur compagne des migraines, une chute de libido, peut-être même un cancer lié à la prise prolongée d'une pilule contraceptive nocive et inadaptée.
J'aime les hommes hétérosexuels qui ne se sentent pas supérieurs aux hommes homosexuels, et pour lesquels l'idée d'être pénétré s'ils en ont envie un jour ne constitue ni une source de honte, ni une claque à l'ego, ni une entrave à la masculinité. Ceux qui ne considèrent pas qu'un rapport sexuel s'arrête après qu'ils ont éjaculé. Ceux qui cherchent, et trouvent le clitoris sur un corps de femme. Ceux qui prennent en compte le plaisir charnel de l'autre et prennent la peine de s'éduquer sur le sujet.
J'aime les hommes qui trouvent normal de tenir la porte à la personne qui les suit dans le hall d'un immeuble ou dans un commerce, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme. Qui appellent ça : savoir vivre, pas galanterie. Ceux qui ne sont pas "Gentleman" mais éduqués. Ceux qui ne prennent pas la parole à la place de quelqu'un d'autre. Ceux qui n'ont pas d'avis sur l'IVG ou la PMA. J'aime ceux-là.
J'aime les hommes qui choisissent de raser leur pilosité ou de ne pas le faire, admettent que le même choix est possible aux femmes, et n'ont pas d'avis sur le sujet. Ceux qui ne considèrent pas qu'une femme derrière un comptoir de caisse ou du bar leur doit un sourire ou un tour de charme.
J'aime les hommes, mais pas dans mon lit.
J'aime les hommes, mais pas tous.
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