"Mais tu lui dirais quoi, si tu la rencontrais maintenant avec la certitude que c'est elle, l'amour de ta vie ? "
Je lui dirais ...
Bonsoir, je suis ravie de te voir enfin apparaître dans mon monde, il paraît que c'est toi ? Celle que je cherche sans vraiment chercher depuis tant d'années. Maintenant que tu es là et qu'on va partir pour le plus grand des voyages, il faut que tu saches certaines choses. Dans le monde de mes rêves, dans l'amour comme je l'idéalise et là où tu as ta place, dans mon cœur et dans l'âme, il y a quelques règles.
Pardonne moi de ne pas t'aborder avec un sourire aguicheur, nous aurons bien le temps d'y penser plus tard. Pour l'instant, puisque c'est toi, puisqu'on me l'a dit, puisque j'en suis sûre, je vais jouer franc jeu. D'ailleurs je n'aime pas jouer, pas au premier abord, pas comme ça. Si tu décides qu'il faut qu'on se séduise en portant un masque alors peut-être que je me suis trompée et qu'il me faudra m'adresser à quelqu'un d'autre. Je n'aime pas jouer, je ne t'aimerai que pour l'immédiateté de ton être et cela ne me posera pas de problèmes de tout savoir tout de suite. Qui es-tu, d'où viens-tu ? Où tu vas ? Vers quoi et pourquoi tu marches ? Je me fiche pas mal d'être aguichée par ce que tu pourrais me dire, de savoir que tu portes de la lingerie fine et que tu veux m'emmener danser dans un bar très branché, j'ai d'autres questions à te poser. Parle moi plutôt de ce qui t'anime, de tes devises et de tes chemins de vie, de tes phobies et de tes colères. Aimes-tu la nuit ? La sensation du passage de la paume de tes mains sur l'herbe d'un jardin, le mouvement de l'air frais qui t'emplit le corps dans une grande inspiration au lever du soleil, la culpabilité souriante de traîner en pyjama toute la journée et de remettre à demain toutes tes obligations pour te lover sous un plaid devant un bon film et compter à rebours les carrés de chocolat qu'il reste sur la tablette ?
Je voudrais qu'on sache apprécier l'ennui, qu'il n'y ait pas de ces crises hurlantes que certains jugent saines et essentielles à pimenter une relation. Je suis quelqu'un de calme, j'aimerais qu'on sache se parler dans une franchise complète et qu'à deux, on terrasse nos ego. Qu'il n'y ait pas de mépris, pas de regards humides dont on aimerais qu'ils disparaissent après de difficiles excuses, pas de cris, pas d'orages, pas de réconciliations sur l'oreiller qui font passer à autre chose. Si je suis en colère, je ne te ferai pas l'amour et ne me laisserai pas faire. Je te ressentirai trop fort pour être ambiguë et t'aimerai trop fort pour être blessante et à quoi bon ? Je ne te ferai pas de mal juste pour avoir le dernier mot. Je n'aurai jamais à m'excuser d'avoir dit quelque chose que je ne pensais pas, cela ne m'arrive pas. Et si je t'aime mal, pour une raison où une autre, je ne saurai t'entendre que dans une conversation de bonne intelligence, sans cris ni brimades. Fais-moi des reproches, ils seront constructifs et entendus, commentés et rectifiés, mais fais tout ça sans cris. C'est peut être ennuyeux, mais je suis trop émotive pour les conflits d'amoureuses, les mensonges, les non-dits, les dissimulations et autres infidélités que tant savent pardonner au nom de leur amour. J'attends de vivre un amour véritable, dans la bienveillance et la loyauté qu'on aurait en commun, à mobiliser en amont pour éviter ces éclats de colère. Cette intelligence émotionnelle et détachée qui nous ferait penser à l'autre d'abord et aux conséquences que pourraient avoir un regard malveillant où une parole malheureuse. Parce que tout ce que tu diras aura un impact, son émotion corollaire, sa conséquence de joie ou de douleur. J'aimerais pour nous deux que l'on sache tout se dire, mais pas n'importe comment et pas n'importe quoi.
Ceci étant dit, si tu es toujours là, j'aimerais aussi te dire qu'il y a assez de place dans mon cœur pour t'y faire une maison que tu pourras peindre de toutes tes couleurs. Assez de place pour tes défauts, tes incertitudes et tes doutes, un espace à toi dans lequel je n'entrerai que si tu m'y autorises, quelques jardins secrets pour y ranger ce qui ne me concerne pas. Des espaces pour ta folie où je viendrai parfois danser si la musique est un peu forte et des chambres pour que s'y dévoilent les plus belles parties de toi. Du calme et de la tendresse, des vibrations basse fréquence, une caresse aussi douce pour allumer dans ton corps de grands feux d'artifices que pour essuyer tes larmes. Une main sur ton cœur pour rendre plus supportables les coups parfois si injustes de la vie.
Je te serai fidèle sans jamais t'appartenir et j'attendrai la même chose. Puisque une belle femme est une femme libre, indépendante et loyale qui ne s'arrête devant aucune barrière. Tu seras libre d'aller et venir aussi longtemps que j'aurai la force d'espérer que tu poses tes bagages et que tu restes enfin. J'aimerais te suffire et construire avec toi une nature assez verte et fleurie pour qu'on ne se pose plus jamais la question de savoir si l'herbe est plus douce ailleurs. J'attendrai de ton cœur qu'il soit assez vaste pour y bâtir un empire sécurisant et fastueux dans lequel rien d'autre que l'amour ne dicte ses lois. Qu'on y soit invincibles, qu'on y soit belles, qu'on y soit fortes et qu'on puisse y accueillir chaque jour comme un nouveau projet.
Il m'a fallu vingt-et-un ans pour y croire, à la simple existence d'un sentiment capable de balayer toute une vie de solitude, vingt-trois pour accepter de t'ouvrir la porte si un jour je te trouve. Et je ne suis toujours pas prête, au fond. Parce que c'est l'insécurité permanente, que je suis une jalouse et que je vais avoir peur que frappe à ta porte quelqu'un de plus adapté à ton monde. Il faudra certainement que tu me rassures, que tu sois constante et jamais tentée d'aller butiner ailleurs ce que tu me croirais peut-être incapable de t'offrir. Si c'est un jour le cas, il faudra savoir le dire, et faire des choix. Parce que je donne tout, parce que je ne partage pas, parce que je ne verrai que toi.
J'espère que tu aimes lire, traîner des heures dans l'herbe, faire des couronnes de feuilles, monter aux arbres et collectionner des objets inutiles. Qu'une partie de toi est encore un enfant qui doute et s'émerveille de petits riens, que tu sais voir le détail qui change le sens d'un dessin, que lorsque "le sage montre la lune", tu regardes la lune. J'espère que tu pleures bruyamment devant les mélodrames de cinéma sans en avoir honte, que tu écoutes le texte avant les notes d'une chanson, qu'on inventera une langue à nous que les autres ne pourront pas comprendre. Que quelque part toi aussi, tu écris des rêves d'amour et que même si tu n'as jamais songé à une femme pour partager tes tendresses tu ne me fermeras pas la porte par principe.
J'espère enfin pour nous qu'il nous sera facile, le plus longtemps possible si ce n'est pour toujours, de nous estimer heureuses de s'éveiller chaque matin avec le visage de l'autre pour première image décoiffée par la nuit. Qu'il nous sera encore chaque fois surprenant de recevoir le frisson de l'autre à l'approche d'un regard ou d'un contact électrique, même après avoir bâti un monde pendant de longues années. Qu'un jour de retour de voyage au bout du monde, on décide de prolonger d'une semaine ou deux pour échapper à nos réalités, juste parce qu'on s'y sent bien.
J'espère que tu es là, j'espère que tu y crois.
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