Dans l'une de ses chansons, Lynda Lemay écrit :
"Les mots se bousculent dans ma tête, j'ai pas la formule qu'il faut.
Pas aujourd'hui, demain peut-être, j'trouverai le moyen de cracher le morceau.
En attendant je me réfugie dans un silence qui me ronge le cœur,
depuis que j'ai rencontré Marie..."
Je suis une jeune femme avec un passé amoureux illogique. Une homo longtemps refoulée, une adolescente qui consentait passivement à croire que le flamme qu'ils décrivaient tous et qu'ils appelaient Amour était une chimère. Longues ont été les années passées entre les bras de garçons - gentils la plupart du temps - desquels j'étais persuadée d'être amoureuse. Sans ne jamais franchement tressaillir sous la force de quoi que ça soit, accomplissant mécaniquement par mimétisme tout ce qu'il était logique de faire pour me fondre dans la masse. Je les aimais, je crois, mais n'en serai jamais sûre. Jamais de cette manière là, mais quelque part pour ce qu'ils enduraient sans le savoir, ces amoureux d'une fille qui rêve d'une autre fille.
Sortir du silence a été difficile, j'avais eu tant de succès à tous les tromper. Ils y croyaient tous : les amoureux de moi, les amis de toujours, les gens de passage, la mère heureuse de recevoir son gendre à dîner. Mais il y a un an, une fois le secret déterré, répété, enduré, assumé, je me suis retrouvée projetée dans un monde que je ne connaissais pas. L'épreuve ne fut pas de tomber amoureuse, je n'ai rien vu venir et c'était même déjà arrivé. Le moment critique, celui qui me pousse à écrire cette histoire, a eu lieu le jour ou mon cœur a posé à ma tête la question fatidique : "Comment aime-t-on ?". Je m'étais enfin octroyé le droit d'aimer mais mon cerveau, aussi vif qu'il puisse parfois être, n'a pas su donner de réponse. J'avais pourtant rencontré la femme secrètement attendue, celle qui me donnerait ma première leçon d'Amour.
- Faire tomber la barrière ...
J'aime les images. Elles m'aident à considérer chaque situation comme une suite logique d'événements et à en tirer un apprentissage. Considérons donc qu'entre chaque personne il y a une barrière émotionnelle que nous maintenons toujours à plus ou moins grande distance en fonction des relations entretenues et des sentiments éprouvés. Entre les autres et moi, la barrière avait souvent été fermement tenue, s'ignorer rend aigrie. Alors face à un cœur qui bat, au son d'une voix qu'on entend même quand elle n'est pas là, à des bouffées de chaleur à la lecture d'un mot doux, comment réagir ?
Quand on sait qu'il serait si agréable de laisser tomber la barrière, de tout lui raconter, de tout lui laisser savoir mais que l'on ressent pour la première fois si fort qu'on a peur de chaque mot. Alors il faut apprendre, tourner en rond parfois, se laisser aller ou pas. Face à moi, une femme qui sait déjà et qui n'a pas de barrière, veut m'aimer vite et fort. Je n'ai pas tout de suite voulu la rencontrer en vrai, ça m'a paru si dur. Là où inviter un garçon au cinéma avait été d'une banalité ennuyeuse, franchir la barrière du téléphone avec elle a été un torrent d'émotions et de craintes. J'ai donc appris au travers d'un écran pendant des mois, à la connaître, à me connaître, à me livrer. Je suis d'une pudeur extrême en ce qui concerne n'importe quelle émotion traduisible dans le langage de mon corps. Parler est simple, me confier aussi, mais être trahie par mon sourire, un regard, un frisson, une posture de gène me met extrêmement mal à l'aise. Jusqu'ici, j'avais un contrôle total de cette chose-là. Garder secret tout ce que je ressentais fort était mon crédo. Cette fois là, la barrière était un train. Un jour, je suis montée dedans. Ma tête avait donc bien fait son travail, mon cœur l'avait poussé à partir enfin. La chamade de mon cœur sur les 100 derniers mètres m'a donné un indice de ce qu'il restait à apprendre. Un pied dedans avec la perspective de me jeter à corps perdu seulement si je repartais avec la certitude à la place du doute.
- Aimer avec ...
Dans ce parc, la toute première fois, je comprenais que tout allait me dérouter. Grande incompréhension de ce qui se passait en moi. Je me souviens avoir pensé : "C'est bizarre dans mon ventre là, comment je peux à la fois sentir que je stresse et que je jubile, ça fait comme ... des papillons. Des "papillons dans le ventre" ??! Ah c'est donc ça, ça existe (j'existe) ...".
Je comprenais alors qu'aimer ne se fait pas qu'avec la tête. Nous étions loin des frissons d'une seule personne derrière son écran de téléphone. En théorie c'est facile, en pratique c'est déroutant. Pour moi c'était déroutant. Comment aime-t-on avec un sourire, comment aime-t-on avec les yeux ? Avec les mains ? Avec le corps ?
Chaque nouvelle information est un bouleversement, chaque contact ou regard inattendu fait émerger des choses jusqu'alors inconnues. C'est tout ça, l'Amour ? Ça implique tout ça de tomber amoureuse ? Longtemps après j'ai eu des regrets à l'égard de tout ce que j'avais vécu avant. Je m'en suis voulue, me disant que si j'étais sortie de mon placard plus tôt, j'aurais pu découvrir ces choses à un âge auquel mon cerveau n'aurait pas essayé d'intellectualiser. J'aurais aimé apprendre l'amour comme tout le monde, sur le tas, sans avoir déjà réfuté la théorie avant d'avoir expérimenté la pratique. Simplement pour que tout n'arrive pas en même temps à l'heure où mes réflexes de protection d'adulte étaient déjà bien installés.
Elle m'apprivoise, me touche, puis m'embrasse. C'est en même temps lui répondre avec des gestes, être trahie par un frisson, sourire comme une enfant, et lui dire d'arrêter ce qu'elle est en train de faire. Puis recommencer, s'habituer à perdre le contrôle et ne plus laisser de place à la pudeur. Difficilement il est vrai, comprendre que pour la première fois, je ne serai ni absente ni étrangère à ce que mon corps veut dire. Et encore, cela ne concerne que la partie qui consiste à se laisser aimer. La suite fait sens si l'on considère comme moi que tout est apprentissage. Instinct compréhension et mimétisme obligent à tendre vers la deuxième partie du processus : donner, créer, rendre l'amour.
- Savoir faire avec l'amour.
J'ai donc attendu de me familiariser avec toutes ces nouvelles émotions pour pouvoir les écrire. A deux reprises j'ai écrit sur elle, mais je n'avais jamais encore écrit sur moi. Comme d'un enfant, j'accouche d'un texte presque 9 mois, jour pour jour après ce premier instant de certitude et je dois avouer que c'est avec un recul encore assez bancal. L'image est belle, la plume hésitante et j'ai souvent eu l'impression d'être une jeune maman chaque fois que j'ai eu fini de coucher sur papier des événements et leur analyse, toute personnelle et intime. Mais s'il est difficile d'être objective lorsqu'il s'agit de parler de soi, le fait d'être aujourd'hui encore dans cette histoire d'amour en constante évolution rend l'exercice d'autant plus complexe.
J'en conclus qu'il faut donc savoir "faire avec" l'Amour. Je me suis vite aperçue que venant de l'être aimé, tout a plus d'importance. Quelques mots qui ne me feraient rien ressentir venant de quelqu'un d'autre peuvent ici déclencher des flots d'émotions intenses. La moindre remarque est blessante quand on aime, le moindre sourire enjôleur, la plus petite des vérités a une importance. C'est apprendre à savoir comment je fonctionne, et toujours me demander si ça lui plaît, être triste quand ce n'est pas le cas. Vouloir manger la terre entière à chaque fois qu'elle m'agace, m'en vouloir quand c'est l'inverse. Il faut faire avec tant que la balance tient son équilibre : tout ce qui fait plus de bien que de mal est à mon sens bon à prendre. Aimer rend vulnérable, et rien n'est jamais sans orages.
Faire avec, et savoir faire. Vite sont arrivées les questions pratiques et je me suis souvent sentie désemparée. Comment s'y prendre quand l'envie de donner un baiser nous saisit ? Où se situent les barrières physiques de l'autre ? Comment est-on douce et bienveillante à poser les mains sur une chose que l'on a jamais touchée ? Comment fait-on l'amour à une femme ?
Les expériences se sont vite enchaînées, chaque nouvelle émotion, sensation, prise d'initiative, tentative de surprendre était un pèlerinage. La route vers la volonté de combler quelqu'un d'autre prenait soudain la même importance que celle qui vise à me rendre heureuse moi-même. Ce jusqu'à comprendre un jour que la seule chose qui vaille était l'instinct, le naturel. Plus j'ai su "faire avec", plus j'ai su faire, tout court. Mais à l'heure de toutes les certitudes, reste encore à endurer - non sans peines - les autres, tou.t.es les autres et cette dernière émotion, pas des moindres.
- Jalousie radioactive.
Je suis une monogame convaincue, trompée une fois. J'ai découvert tout récemment la sensation que procure la jalousie d'amour. Quand une autre personne, dans un SMS, un regard ou un sourire entre dans ma bulle d'amour, prétendant à ce que je réclame pour moi seule. J'essaie de vous l'écrire comme je le ressens sur le moment, vous me pardonnerez donc avec bienveillance les noms d'oiseaux. C'est l'histoire de la radasse du passé, inconnue au bataillon jusqu'alors, dont on découvre le prénom en même temps qu'elle réveille un sentiment tendre chez mon amoureuse dans un SMS. C'est l'histoire de la blondasse peroxydée qui croise son regard et fait émerger un sourire sur son visage dans un bar, l'histoire d'un soir où je suis sans nouvelles et où je ne peux pas m'empêcher de me demander si un ou une autre est là, à ma place.
Ça n'est pas maladif, c'est toujours justifié par quelque chose, mais ça demande de l'énergie. Découvrir sans m'y attendre que je suis une jalouse, de celleux que j'avais toujours stigmatisé.e.s comme étant des personnes sans confiance en elles, m'oblige à passer par des phases de questionnements intenses. J'ai envisagé la relation libre, pensant que si la chose était par ma tête consentie, elle n'aurait plus d'importance. Grosse erreur, mon cœur l'a vite rappelé à l'ordre. Je n'avais aucune idée de ce que cette émotion pouvait faire vivre à celui ou elle qui la ressent. Cet estomac qui se tord de contrariété, la tête qui pense : "Mais bouge de là, la touche même pas, celle là j'ai envie de l'éclater", "Va voir ta pute !", "C'est qui cette connasse ? Va falloir qu'elle s'éloigne.". Toujours culpabiliser ces autres car il est trop difficile de blâmer celle que j'aime. Toujours retenir des larmes non pas de peine, mais de colère, simplement pour rester juste et ne pas m'agacer quand il n'y a pas lieu.
Je ne considère plus que ces réactions, qui ne me ressemblent pas du tout, résultent d'un manque de confiance en moi. Je crois que c'est comme ça, qu je n'y peux rien. Je suis une fidèle et quand j'aime je donne tout, bien capable de jurer que personne ne sera capable de donner autant que moi. Je crois que la loyauté m'importe beaucoup, que ma vie entière je voudrai qu'on me respecte et qu'on respecte mon droit de ne pas vouloir être bernée. J'ai cru pouvoir m'assouplir et finalement j'ai lâché cette idée, je ne peux pas toujours partager. J'ai la chance immense d'être avec une personne ouverte à ce dialogue et particulièrement bienveillante à mon égard. je n'ose imaginer ce qu'aurait été l'épreuve des autres si ça n'avait pas été le cas. "Je suis une jalouse" est encore autre chose à assumer quand je sais qu'il suffirait de faire taire mon ego pour remédier au problème.
Faire avec, et savoir faire. Vite sont arrivées les questions pratiques et je me suis souvent sentie désemparée. Comment s'y prendre quand l'envie de donner un baiser nous saisit ? Où se situent les barrières physiques de l'autre ? Comment est-on douce et bienveillante à poser les mains sur une chose que l'on a jamais touchée ? Comment fait-on l'amour à une femme ?
Les expériences se sont vite enchaînées, chaque nouvelle émotion, sensation, prise d'initiative, tentative de surprendre était un pèlerinage. La route vers la volonté de combler quelqu'un d'autre prenait soudain la même importance que celle qui vise à me rendre heureuse moi-même. Ce jusqu'à comprendre un jour que la seule chose qui vaille était l'instinct, le naturel. Plus j'ai su "faire avec", plus j'ai su faire, tout court. Mais à l'heure de toutes les certitudes, reste encore à endurer - non sans peines - les autres, tou.t.es les autres et cette dernière émotion, pas des moindres.
- Jalousie radioactive.
Je suis une monogame convaincue, trompée une fois. J'ai découvert tout récemment la sensation que procure la jalousie d'amour. Quand une autre personne, dans un SMS, un regard ou un sourire entre dans ma bulle d'amour, prétendant à ce que je réclame pour moi seule. J'essaie de vous l'écrire comme je le ressens sur le moment, vous me pardonnerez donc avec bienveillance les noms d'oiseaux. C'est l'histoire de la radasse du passé, inconnue au bataillon jusqu'alors, dont on découvre le prénom en même temps qu'elle réveille un sentiment tendre chez mon amoureuse dans un SMS. C'est l'histoire de la blondasse peroxydée qui croise son regard et fait émerger un sourire sur son visage dans un bar, l'histoire d'un soir où je suis sans nouvelles et où je ne peux pas m'empêcher de me demander si un ou une autre est là, à ma place.
Ça n'est pas maladif, c'est toujours justifié par quelque chose, mais ça demande de l'énergie. Découvrir sans m'y attendre que je suis une jalouse, de celleux que j'avais toujours stigmatisé.e.s comme étant des personnes sans confiance en elles, m'oblige à passer par des phases de questionnements intenses. J'ai envisagé la relation libre, pensant que si la chose était par ma tête consentie, elle n'aurait plus d'importance. Grosse erreur, mon cœur l'a vite rappelé à l'ordre. Je n'avais aucune idée de ce que cette émotion pouvait faire vivre à celui ou elle qui la ressent. Cet estomac qui se tord de contrariété, la tête qui pense : "Mais bouge de là, la touche même pas, celle là j'ai envie de l'éclater", "Va voir ta pute !", "C'est qui cette connasse ? Va falloir qu'elle s'éloigne.". Toujours culpabiliser ces autres car il est trop difficile de blâmer celle que j'aime. Toujours retenir des larmes non pas de peine, mais de colère, simplement pour rester juste et ne pas m'agacer quand il n'y a pas lieu.
Je ne considère plus que ces réactions, qui ne me ressemblent pas du tout, résultent d'un manque de confiance en moi. Je crois que c'est comme ça, qu je n'y peux rien. Je suis une fidèle et quand j'aime je donne tout, bien capable de jurer que personne ne sera capable de donner autant que moi. Je crois que la loyauté m'importe beaucoup, que ma vie entière je voudrai qu'on me respecte et qu'on respecte mon droit de ne pas vouloir être bernée. J'ai cru pouvoir m'assouplir et finalement j'ai lâché cette idée, je ne peux pas toujours partager. J'ai la chance immense d'être avec une personne ouverte à ce dialogue et particulièrement bienveillante à mon égard. je n'ose imaginer ce qu'aurait été l'épreuve des autres si ça n'avait pas été le cas. "Je suis une jalouse" est encore autre chose à assumer quand je sais qu'il suffirait de faire taire mon ego pour remédier au problème.
Aimer, aimer encore, aimer pleinement. Laisser tomber toutes les barrières, assumer en soi même et assumer devant les autres. Décevoir une partie de mes proches par la même occasion, ravir mes ami.e.s et leur présenter cette femme qu'ils ont tout de suite aimé elleux-aussi. Le travail d'une année entière. Mais qu'en est-il des fins ?
- "On s'est quittées en s'aimant"
Quelques mois séparent le début et la fin de ce billet que j'avais laissé en mijotage, le temps de contrer quelques incertitudes. Mais il est temps de le terminer.
Récemment j'ai lu dans Le Monde : "On s'est quittés en s'aimant, c'était un bateau amarré au port, j'ai coupé net, à la hache, dans la tristesse mais sans destruction.". Je m'y suis retrouvée et plonge tout droit dans la puissance de ce sentiment pour trouver le courage de finir ce billet. Je l'avais commencé un soir ou tout m'allait bien, sur ce même canapé qui est désormais celui de mon ex. On s'est quittées en s'aimant. La femme que j'aime est endormie juste à côté de moi, mais elle n'est plus "mienne", le sentiment est particulier mais il n'est étonnamment pas insupportable. Reste à gérer les choses qui manquent pour que la disparition d'un modèle de relation ne se transforme pas en une disparition de l'une dans la vie de l'autre. Je me suis rendu compte que la découverte du sentiment amoureux m'avait amené à aimer deux choses : d'une part, elle. De l'autre, l'image que je m'étais construite de "nous". Cette troisième personne dont les psychologues vous disent qu'il faut en prendre soin, ce "nous", ce couple, s'il est voué à disparaître pour des raisons plus valables les unes que les autres finit par manquer. C'est une image sociale qui rend heureux.se de montrer au monde que vous avez trouvé la personne qu'il vous fallait, des émotions sincères sur calque de paraître. Dans la difficulté de dire au-revoir au "nous", il n'y a finalement rien d'insurmontable pour moi, si ce n'est les "ne t'en fais pas cela va s'arranger entre vous" entendus en bataille. M'avez vous au moins demandé si c'était ce que je voulais ? .
A contrario, c'est lorsqu'il s'agit de faire taire son amour que les choses se compliquent. Comment peut-on dormir avec l'être aimé dans les bras sans se faire assaillir en rêve d'images d'autrefois qui viennent vous rappeler que ces intimités en tous genre ne sont plus d'actualité. Le sont-elles d'ailleurs ? On m'a souvent dit qu'une rupture, c'était comme la prison et qu'y retourner prouvait que la leçon n'avait pas été retenue. En suis-je là et assez forte, si l'envie nous prenait, pour faire fermer sa gueule à ma tête et retrouver mon cœur pour une nuit ? On s'est quittées en s'aimant et le désamour qui s'amorce lentement après la rupture, possible bien que complexe, requiert-il de tout abandonner ?
Je crois qu'apprendre le détachement amoureux est bien plus simple après une rupture colérique et orageuse, lorsqu'un motif valable amène la décision de sortir l'autre de sa vie et de se reconstruire loin des théâtres de nos amours passés. Mais je ne suis pas dans cette situation. Celle qui dort à côté de moi est aussi mon amie et rien ne pourrait justifier ma fuite. Ni l'envie ni les circonstances ne s'y prêtent. Restent à savoir où doivent se situer les barrières après le panneau STOP.
A suivre ...
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