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Ivresses Estudiantines

 " Hé ! Tu viens ce soir au Royalty ? "

     La première fois, j'ai dit oui sans convictions. J'y voyais une énième beuverie mais cette fois-ci entourée d'inconnus et il m'était difficile d'imaginer boire avec d'autres personnes que mes amis. Parce que je n'avais jamais mis un pied en boîte de nuit, ni dans un pub, j'étais plutôt adepte du camping sauvage arrosé et de la soirée d'été sur la terrasse, parce qu'à la cambrousse, y'a pas de bons bars. Et puis j'ai réitéré l'expérience plusieurs fois en y prenant dangereusement goût. On y boit de la bière, on y rencontre des gens drôles et les tarifs sont intéressants. Nous sommes loin des boîtes de nuit aux ambiances de foire, des bouteilles de vodka à 80 euros, du GHB dans les verres et des mains aux fesses intempestives. J'ai trouvé l'ambianc
e qui me convient dans les bars étudiants, là où l'on danse, discute (sans avoir besoin de hurler), boit un coup sans forcément y faire passer un mois d'argent de poche, où l'on fume quelques cigarettes sans avoir besoin d'aller chercher son paquet de clopes au vestiaire parce que comme dit si bien ma p'tite Nana : " Chaque discussion a sa clope, et comme on discute beaucoup, faut plein de clopes. ".

     Après une soirée d'intégration, une soirée "Révoltes et Révolutions", un saut dans le temps vers l'Empire Romain, et bien d'autres petites excursions en terrasse, je me suis dit : "La prochaine fois, j'essaie de tout mettre en mots, les ivresses diverses de ces soirées là, mon ressenti, et les raisons pour lesquelles c'est toujours un plaisir d'être là." Jeudi soir, c'était comme d'habitude, mais un peu différent, j'ai fait le bon mélange en amenant mon univers dans ma vie étudiante. Mour, mes copains d'enfance et mon cousin, télescopés dans une foule d'historiens adeptes de bier pong. Je vais tout vous raconter !

Partir à 19h, aller manger un tacos vite fait chez Pizza&Gusto, grimper dans le tram, je n'aime pas arriver trop tard. Mais il faut tout de même faire un petit effort vestimentaire et esthétique. Non pas que j'ai envie que l'on me remarque mais j'aime me sentir bien, affirmer une deuxième personnalité. La Camille de la fac est plutôt faite pour le sweat à capuche et la paire de baskets, elle n'aime pas être remarquée et fait en sorte de ne jamais croiser le regard de personnes inconnues. Celle que vous croisez en soirée est fière de porter sur elle, le Rock qu'elle a en tête et dans le coeur. Il ne me faut pour me sentir bien qu'une paire de talons,  une chemise à carreaux et un trait d'eye liner plus épais.

     Recevoir quelques textos sur le chemin : "T'es où ?", "On vous garde de la place?", "Y'a machin et truc qui sont là ! Ils veulent te voir magne toi !". Et arriver, sourire, croiser beaucoup de monde, présenter mon amoureux à mes amis de la fac, tomber sur des amis de longue date et balancer le fameux : "Bah qu'est ce que tu fous là ?" . Aller prendre un verre.

Premier verre : "Une Barbâr en 50 s'il vous plaît" 
   
     Un premier verre, c'est une entrée en matière. Généralement vite descendu, c'est celui qui vous fait décider de l'ambiance que vous choisissez, où vous allez vous asseoir et avec qui. La musique commence à augmenter en volume, je m'amuse de voir arriver les premiers danseurs sur la piste, pas trop surs d'eux, c'est sûrement leur premier verre à eux aussi. On me présente ma filleule d'intégration et ça me plaît beaucoup ! J'ai toujours aimé jouer à la grande soeur et en plus elle est trop mignonne ! Dans le même temps, je croise mes aînés, L3, Master, avec lesquels j'ai eu l'occasion de sympathiser. Jouer à la petite soeur me plaît tout autant dans la mesure où ils sont toujours là pour me donner un coup de main, me remonter le moral et prendre de mes nouvelles. C'est très agréable.
Je m'amuse également de croiser des p'tites piotes de mon village, à peine plus jeunes que moi, sur ces terrasses. L'une d'elle me dit : "Camille c'est la première fois que je vois autant d'alcool, j'suis choquée". Et je me souviens avoir eu exactement la même réaction l'an dernier. Je m'assois je me sens bien, j'en oublie presque que j'ai une sainte horreur des bains de foule et de l'excès de bruit. Je commande un deuxième verre.

Deuxième verre : "La même s'iou'plaît" 

     Il y a un monde fou au bar, mon chéri semble très bien s'entendre avec mes amis et mon cousin, ils enchaînent les verres, je discute avec des personnes auxquelles je ne prends pas le temps d'échanger en temps normal. Le tournoi de Bier Pong commence et les hurlements d'encouragement me percent les oreilles. Mais je relativise en me disant que d'ici quelques minutes, j'aurai assez bu pour ne pas y faire attention. J'aime danser, j'ai toujours aimé ça, mais pas ici. Malheureusement, le DJ n'est pas du tout dans mon trip musical et les remix electro ne me donnent pas franchement l'envie de bouger mon corps. mais ce n'est pas grave, même si sur la piste ça danse sévère, il y a toujours quelqu'un avec qui échanger quelques mots. Je m'amuse d'apprendre que l'une de nos professeures se mêle aux étudiants sur la terrasse arrière (ils ne sont pas tous vieux et aigris ^^), là encore, j'échange quelques mots avec les deux trois personnes qui sont autour de moi, l'une d'elles m'offre gentiment une cigarette. Je ris beaucoup de ce qui se passe autour, mon chéri commence à avoir un sérieux coup dans le nez, les supporters du Bier pong s'enflamment, j'ai une vue imparable sur mon pote qui s'impose en king de la piste de danse, c'est l'heure de payer mon coup, et de changer de chaussures, j'ai mal aux pieds dans mes talons.

Troisième verre : "Hein ? Y'a plus de barbâr ? Mettez un chouffe alors."

     Le troisième verre va de paire avec l'ambiance générale de la soirée. Il n'y a plus de place sur la piste, la musique electro fait bouger les étudiants. Même mes pieds se déplacent en rythme sans que je ne puisse les contrôler. C'est un signe d'ivresse, au même titre que mon débit de parole qui s'accélère et ma voix qui s'en va. Je perds toute timidité, parviens à prendre part aux discussions les plus tordues sans émettre de réserve. J'ai un rire de phoque, je l'assume parfaitement. Je peine à être claire dans mes phrases et mon débit de pensée s'accélère. C'est une ivresse, mais c'est une bonne ivresse qui ne touche ni à l'estomac ni à la tête. L'avantage avec la bière c'est l'absence de maux de têtes (cool pour une migraineuse). Il me faut faire très attention à ce moment de la soirée pendant lequel mes pensées peuvent radicalement changer mon état d'esprit. Heureusement, mes "Totally Spies" sont là pour éviter les mauvaises ondes, puisqu'elles me font rire à m'en décrocher la mâchoire. Et c'est pas fini. Y'a toujours mon double maléfique pour me mettre un verre dans les mains.

Dernier verre : "Hé merci ma biche ! J'vais pisser j'arrive"

     Moment tant redouté, boire une bière et en pisser douze, ma vessie va exploser. File d'attente aux toilettes, et peur de ce que l'on peut y trouver. Tiens c'est étrange ? Il ne pleut pas mais le sol est trempé, ça sent le rat mort, et je vous passe les détails des serviettes hygiéniques posées par terre ... C'est une réelle épreuve. Une fois sortie des toilettes, mes mains trois fois lavées, je rejoins mon double maléfique. C'est une meuf bien sympa et bien bizarre parfois. C'est moi, en pire. Et y'a toujours le patron pour interrompre nos rires. Il est 2h, ils ferment le bar et rangent les terrasses pour notre plus grand désespoir. Quoi qu'il est peut - être l'heure de rentrer, ma voix a presque totalement disparu, j'ai cours demain. Ouille.
Sur le chemin du retour, on ressasse les moments marrants de ce soir, on essaie de passer pour des gens sobres en s'arrêtant à la boulangerie de nuit chercher du pâté croûte. Mais la boulangère rigole, et nous aussi. Retour à l'appartement étudiant, la clé peine à trouver la serrure, l'épreuve suivante sera de ne pas glisser dans la douche et de trouver sans soucis le chemin du lit.
L'épreuve ultime, elle, sera celle du réveil et du cours de géographie du lendemain.

On dira "La prochaine fois j'bois pas" ... Jusqu'à la prochaine fois. :)

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